Normes d’émission 6 : les informations les plus importantes

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La norme d'émission de gaz d'échappement Euro 6 et ses déclinaisons, notamment la norme 6d, constituent aujourd'hui un enjeu majeur pour l'industrie automobile européenne. Alors que ces réglementations se succèdent et se complexifient depuis leur introduction en 2014, comprendre leurs implications devient essentiel pour tout acheteur de véhicule. Ces normes, bien plus strictes que leurs prédécesseures, transforment radicalement les exigences en matière de dépollution automobile.

Pourquoi la norme Euro 6 a-t-elle différents niveaux ?

Le plus déroutant à propos de la norme d'émission Euro 6 réside dans sa subdivision en multiples niveaux, caractéristique unique par rapport aux normes Euro précédentes. Depuis son introduction en septembre 2014, la norme Euro 6 a évolué vers sept déclinaisons distinctes : Euro 6a, 6b, 6c, 6d-Temp, 6d-Temp-EVAP, 6d-Temp-EVAP-ISC, et 6d. Cette progression reflète un durcissement progressif des contraintes environnementales et des méthodes de contrôle.

Structure et évolution des sous-normes Euro 6

Une particularité fondamentale de la norme Euro 6 distingue cette génération des précédentes : les seuils limites d'émissions polluantes restent identiques entre les différentes sous-normes. Les modifications portent principalement sur les protocoles de mesure et les conditions d'homologation. Ainsi, les limites fixées à 80 mg/km pour les oxydes d'azote (NOx) et 4,5 mg/km pour les particules demeurent constantes, mais leur contrôle devient progressivement plus rigoureux.

Calendrier d'application des normes Euro 6

L'application chronologique des différentes phases Euro 6 suit un échéancier précis. Les normes Euro 6a, 6b et 6c ne sont plus autorisées pour les nouvelles homologations depuis 2019. La norme Euro 6d-Temp-EVAP-ISC est devenue obligatoire pour tous les nouveaux véhicules depuis janvier 2020, tandis que l'Euro 6d-ISC-FCM, la plus exigeante, s'applique depuis janvier 2021 pour les nouvelles homologations et septembre 2021 pour les immatriculations.

Impact sur les émissions de CO2 et les constructeurs

Contrairement aux polluants locaux, aucune de ces normes ne fixe de spécifications individuelles strictes concernant les émissions de CO2. La réglementation européenne impose plutôt une valeur cible collective de 95 grammes de CO2 par kilomètre calculée sur l'ensemble du parc d'un constructeur depuis 2021. Cette approche globale explique l'accélération du développement de véhicules électriques et hybrides, permettant de compenser les émissions des modèles thermiques.

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Procédures d'homologation et d'immatriculation

Le système d'homologation européen distingue deux étapes cruciales : la réception par type et l'immatriculation individuelle. Cette dualité temporelle permet une transition progressive vers des normes plus strictes tout en évitant une rupture brutale du marché automobile.

Mécanisme de la réception par type

La réception par type, également appelée homologation, constitue l'autorisation accordée par les organismes certificateurs à un constructeur pour commercialiser une série de véhicules. Cette procédure concerne l'ensemble des combinaisons moteur-transmission d'une gamme donnée et s'effectue dans des laboratoires agréés selon des protocoles standardisés. Depuis janvier 2020, toute nouvelle homologation doit respecter la norme Euro 6d-Temp-EVAP-ISC minimum.

Calendrier des immatriculations et obligations légales

L'immatriculation individuelle suit un calendrier distinct, généralement décalé de 12 à 24 mois par rapport aux homologations. Jusqu'au 31 août 2019, les véhicules homologués selon des normes antérieures pouvaient encore être immatriculés. Depuis septembre 2019, seuls les véhicules respectant au minimum l'Euro 6d-Temp peuvent recevoir une première immatriculation. Cette règle s'applique à tous les véhicules neufs, qu'ils soient importés ou produits localement.

Démarches administratives d'immatriculation

L'immatriculation s'effectue auprès du service des cartes grises de la préfecture ou de la sous-préfecture du domicile du propriétaire. Le certificat de conformité européen, délivré par le constructeur, atteste du respect de la norme Euro applicable. Les concessionnaires peuvent assister dans ces démarches, mais la responsabilité finale incombe au propriétaire du véhicule.

Technologies et procédures de contrôle des émissions

L'évolution des normes Euro 6 s'accompagne d'une révolution des méthodes de mesure et de contrôle. Ces nouvelles approches visent à éliminer les écarts entre les performances laboratoire et la réalité routière, source de controverses majeures dans l'industrie automobile.

Evolution des cycles d'homologation : NEDC vers WLTP

Le passage du cycle NEDC (New European Driving Cycle) au protocole WLTP (Worldwide Harmonized Light-Duty Vehicles Test Procedure) représente un tournant majeur. Le cycle NEDC, en vigueur depuis 1992, présentait des conditions de test particulièrement favorables : vitesse moyenne de 33 km/h, accélérations modérées et température constante de 23°C. Le WLTP, obligatoire depuis septembre 2017, impose des conditions bien plus réalistes avec une vitesse moyenne de 46 km/h, des accélérations plus franches et des variations de température.

Le protocole WLTP augmente en moyenne de 20 à 25% les consommations et émissions mesurées par rapport au cycle NEDC, reflétant mieux l'usage réel des véhicules.

Procédure RDE : mesures en conditions réelles

La procédure RDE (Real Driving Emissions) constitue l'innovation la plus significative des normes Euro 6d. Introduite progressivement depuis 2017, elle impose des mesures directes sur route avec un équipement portable (PEMS - Portable Emissions Measurement System) embarqué dans le véhicule. Cette procédure couvre différents profils de conduite : urbain (15-40 km/h), extra-urbain (40-90 km/h) et autoroute (90-145 km/h).

Facteurs de conformité et tolérances RDE

La différence fondamentale entre Euro 6d-Temp et Euro 6d réside dans le facteur de conformité autorisé pour les mesures RDE. L'Euro 6d-Temp tolère un facteur de conformité de 2,1 pour les NOx, permettant d'atteindre 168 mg/km sur route contre 80 mg/km au laboratoire. L'Euro 6d ramène ce facteur à 1,43, limitant les émissions réelles à 114,4 mg/km maximum. Cette évolution traduit l'objectif de convergence entre performances laboratoire et usage réel.

Contrôle des émissions par évaporation (EVAP)

Les normes Euro 6 intègrent progressivement le contrôle des émissions par évaporation, longtemps négligées dans la réglementation européenne. Ces émissions représentent pourtant une source significative de pollution atmosphérique, particulièrement en période estivale.

Définition et sources des émissions EVAP

L'abréviation EVAP (Evaporative Emissions) désigne l'ensemble des hydrocarbures qui s'échappent d'un véhicule par évaporation, indépendamment du fonctionnement du moteur. Ces émissions proviennent principalement du système de carburant :

  • réservoir
  • canalisations
  • pompe et injecteurs

Contrairement aux émissions d'échappement produites lors de la combustion, les émissions EVAP se manifestent en permanence, même véhicule arrêté.

Protocole de mesure des émissions EVAP

Le contrôle EVAP impose une procédure d'essai complexe et chronophage. Chaque cycle de test dure 210 minutes et doit être répété 50 fois consécutivement pour couvrir différentes conditions de température. Cette approche exhaustive vise à reproduire les variations thermiques subies par un véhicule dans des conditions d'usage normales, de -7°C à +35°C selon les specifications européennes.

Type d'émission EVAPSource principalePériode d'émissionDurée
Émissions de carburantÉvaporation essence/dieselContinuePermanente
Émissions hors carburantFluides de fonctionnementPonctuelleLimitée
Émissions diurnesRéchauffement solaireDiurne6-8 heures
Émissions de roulageÉchauffement systèmeEn fonctionnementVariable

Distinction entre émissions de carburant et hors carburant

La réglementation EVAP distingue rigoureusement deux catégories d'émissions. Les émissions de carburant résultent directement de l'évaporation des hydrocarbures contenus dans l'essence ou le gazole. Leur intensité augmente avec le temps du fait de la perméabilité croissante des matériaux du système de carburant. Les émissions hors carburant proviennent d'autres fluides : liquide de refroidissement, huile moteur, liquide lave-glace, réfrigérant climatisation et divers lubrifiants. Ces dernières présentent généralement un pic initial puis se stabilisent rapidement.

Surveillance et contrôle en service (ISC et FCM)

Les normes Euro 6 les plus récentes introduisent des mécanismes de surveillance continue des véhicules en circulation, marquant une évolution vers un contrôle permanent des performances environnementales.

Tests de conformité en service (ISC)

L'In-Service Conformity (ISC) impose aux constructeurs de démontrer que leurs véhicules conservent leurs performances de dépollution tout au long de leur vie utile. Cette procédure, inspirée du système américain en vigueur depuis 2007, devient obligatoire pour toutes les homologations depuis janvier 2019 et pour tous les nouveaux enregistrements depuis septembre 2019. Les tests ISC impliquent la sélection aléatoire de véhicules dans le parc en circulation pour vérification de leurs émissions.

Protocole de surveillance de la consommation (FCM)

Le Fuel Consumption Monitoring (FCM) représente une innovation technologique majeure : l'obligation d'équiper tous les véhicules d'un compteur de consommation embarqué (OBFCM - On-Board Fuel Consumption Meter). Ce dispositif enregistre en permanence la consommation réelle de carburant, permettant de détecter les écarts avec les valeurs homologuées. La FCM s'applique aux nouveaux types depuis janvier 2020 et à toutes les immatriculations depuis janvier 2021.

Implications pour les véhicules hybrides rechargeables

Le système FCM présente des défis particuliers pour les véhicules hybrides rechargeables (PHEV). Ces modèles affichent souvent des consommations homologuées très optimistes, basées sur un usage régulier de leur mode électrique. Dans la réalité, de nombreux utilisateurs négligent la recharge, utilisant principalement le moteur thermique. Cette situation peut générer des écarts significatifs entre consommation déclarée et réelle, avec des conséquences potentiellement pénalisantes pour les utilisateurs lors des futurs contrôles techniques renforcés.

Une étude de l'ICCT (International Council on Clean Transportation) révèle que les PHEV consomment en moyenne 2 à 4 fois plus de carburant en usage réel qu'annoncé lors de l'homologation.

Risques réglementaires et financiers

L'introduction du FCM ouvre la voie à de nouvelles formes de taxation environnementale basées sur la consommation réelle plutôt que sur les valeurs d'homologation. Les conducteurs utilisant inefficacement leur véhicule hybride rechargeable pourraient ainsi faire face à des pénalités financières futures, incitant à une utilisation plus consciente de ces technologies de transition énergétique.

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